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L’ORTIE fait de la Résistance!

 

De juin  à septembre 2008, une première exposition à la Médiathèque Elie CHAMART de CHOLET, mettait en scène, sous la forme d’un jardin, onze personnages sous l’intitulé : « les signes sauvages ». Bien que Lise, héroïne du conte homonyme, n’y fût pas représentée, ce jardin était habité par sa présence silencieuse, tissant des tuniques d’orties pour libérer ses onze frères changés en cygnes.

La « créature » de Corinne MABILEAU est la libre interprétation d’une plante généreuse qui refuse qu’on la touche et préfère pousser dans l’ombre. Elle est aussi un hommage en forme d’écho à des gens sachant faire beaucoup avec peu et qui, soucieux de préserver un rapport direct avec la terre, ont reconnu dans l’ortie un symbole de leurs luttes.

Chaque détail a un sens : La broche, la découpe de la jupe ne sont pas des éléments d’un décor, mais des fragments de l’histoire et forment avec les attributs et les attitudes, le corps même du récit.

Le  personnage de l’Ortie représente une femme française sous l’occupation. Il illustre dans son langage deux formes de résistance qui, sur le plan des apparences, s’opposent radicalement : La femme engagée dans la résistance pour qui l’essentiel est de passer inaperçue et  la femme de la rue qui, utilisant la coquetterie comme une arme, lance avec des moyens de fortune  un défi à l’occupant.

 

Quelques mots sur l'artiste : 

D’origines bordelaise et abruzzaise, Corinne MABILEAU est née à Toulon en 1963. Elle a fait ses études en sciences humaines à Bordeaux et à NANTES et réside actuellement dans l’ouest de la France tout en travaillant en milieu hospitalier

 

Les  MOTS et  la  TERRE....

 

Le travail artistique de Corinne MABILEAU prend sa source dans l’obsession de la mémoire et la fascination pour les êtres et les choses disparus, absents, insaisissables. Dans cette perte inéluctable quelque chose d’essentiel peut encore être approché.

 

Comme dans le travail du rêve, où le contenu manifeste renvoie  à une signification cryptée, son travail est un cheminement pas à pas le long de chaînes associatives dont la matière première est composée d’images traduites en mots. C’est ce récit, avec ses fragments et ses manques, qui sera à son tour traduit dans la matière, sous les traits d’un personnage dans lequel entité végétale et forme humaine se répondent.

 

Ce travail de création s’appuie, de façon complémentaire, sur une indispensable et minutieuse recherche documentaire (botanique, historique, vestimentaire, mythologique…)

 

Ses sources d’inspirations se trouvent dans la nature, domestique ou sauvage, le folklore familial méditerranéen, les divinités agraires et souterraines de la mythologie, ainsi que dans le verbe et dans l’art du récit.                                  

       

Peut-être qu’après avoir vu l’Ortie, quelqu’un formulera à son tour le souhait de donner un corps et une histoire à une entité végétale ou mythique,  saisir quelque chose en deçà des apparences et faire se rapprocher, d’une façon imparfaite, les deux tesselles d’une amphore à figure rouge ou noire qui aurait été coupée en deux.