Comme beaucoup d�autres v�g�taux indig�nes, l�ortie a perdu son statut de l�gume � part enti�re, au moment o� des esp�ces nouvelles rapport�es des colonies firent leur apparition sur nos tables. La transition ne fut pas brutale, elle dura plusieurs si�cles : la r�ticence des populations rurales �tait un frein s�rieux � la progression de ces nouveaux venus. N�anmoins, peu � peu, panais, mouron, pourpier, ch�nopode, renou�e, amarante et ortie disparurent de nos menus. Certes les l�gumes nouveaux qui les rempla�aient ne manquaient pas d�atouts : grande productivit�, facilit� de stockage, richesse en amidons, � Ils permirent dans bien des cas d�am�liorer les conditions d�existence de nos a�eux : � l��poque, la quantit� d�aliments ing�r�s, ainsi que leur valeur �nerg�tique primait sur les valeurs nutritionnelles !
La consommation de ces plantes redevenues sauvages ne fut plus pratiqu�e qu�aux p�riodes de crises ou de famines � Leur image devint celle de l�gumes de mis�re. Cependant, quelques-unes gard�rent un statut privil�gi�, la m�moire populaire conservant le souvenir de leur action bienfaisante sur l�organisme. C�est le cas du pissenlit et de l�ortie, encore aujourd�hui � la base des fameuses cures revitalisantes de printemps.
On a cru ce patrimoine culturel vou� � une in�luctable disparition � Mais, juste retour des choses, voil� que nos scientifiques, analyses � l�appui, d�montrent que nos l�gumes indig�nes (on les appelle maladroitement des mauvaises herbes) surpassent bon nombre de fruits et l�gumes, quant � la qualit� et � la quantit� des vitamines et �l�ments min�raux qu�ils contiennent.
L��v�nement est d�importance, car � notre �poque d�abondance, d�embonpoint, de stress et de d�s�quilibres en tout genre, les nutritionnistes sont � la recherche de denr�es naturelles saines, �quilibr�es et surtout assimilables par notre organisme � Et recettes � l�appui, nos l�gumes sauvages r�pondent tout � fait � cette attente !
(Extrait du livre � Saveurs d�Orties � �crit par Bernard Bertrand � Editions du Terran)